Le Mont-Saint-Michel, un projet en bas relief, profite virage technologique récent. Le choix est approprié car la scène recèle de nombreux défis qu’il aurait été difficile de résoudre avec une approche vectorielle. Elle inclut falaises de roc, végétation naturelle, murailles de pierres anciennes, ombres de toutes formes. Le virage est concluant et l’expérience qui y est acquise s’applique naturellement aux modèles ultérieurs. Un casse-tête exclusif est consacré à Graceland, la résidence mythique d’Elvis Presley à Memphis, tandis que les formes bulbeuses de la cathédrale Saint-Basil de Moscou mettent au défi les amateurs avertis de Puzz-3D. Une seconde version du Château Frontenac qui reproduit cette fois l’ensemble du célèbre complexe hôtelier de Québec est mise en chantier comme pièce maîtresse d’une compétition entre mordus de 3D. Dans une optique plus internationale, j’ajoute au catalogue le sanctuaire japonais de Kinkaku-ji et le célèbre tombeau indien du Taj Mahal. Devant le nombre et la complexité de projets qui s’enchaînent, je dois partager la charge de la création et de l’exécution avec une collaboratrice professionnelle, Anne Lachance, qui devient rapidement un pilier de mon studio. Sa connaissance du logiciel Autocad pour le développement des volumes et pour le lien avec les autres fournisseurs de la chaîne de production est un atout dont je ne peux me dispenser.
Grâce à son importante contribution, je peux livrer une version fantaisiste du mythique château de Camelot, mettre au point le Mississippi, un bateau-vapeur orné de boiseries en dentelle, inspiré des navires qui sillonnaient les grandes rivières d’Amérique à la fin du XIXe siècle. C’est aussi Anne qui effectue les études préparatoires à la réalisation du casse-tête le plus complexe sur lequel j’ai travaillé, la pointe sud de l’île de Manhattan où se situent les célèbres gratte-ciels de New-York.
C’est un projet particulièrement complexe qui s’est réalisé en un temps record; un peu moins de six mois, entre la maquette volumétrique produite sur Autocad par Anne et la maquette de présentation finale. Un chantier auquel il a fallu consacrer plus de 4000 heures partagées par une équipe qui a regroupé à certaines périodes cinq collaborateurs. Dans la plupart des cas, les édifices reproduits ont été modélisés individuellement et générés selon un éclairage constant, ce qui confère à chaque face un traitement unique. Le concept est intéressant mais son résultat est mitigé car lorsque la maquette finale est assemblée, on constate un conflit entre l’éclairage dessiné sur les surfaces et les ombres naturelles. Si c’était à refaire, il serait préférable de dessiner les détails architecturaux pour en simuler le relief et laisser l’éclairage naturel envelopper les volumes.
À cette liste s’ajoutent un autobus à deux étages réalisé pour le compte d’un distributeur européen et quelques prototypes qui n’ont jamais été mis en production. En fin de compte, une belle aventure qui a duré presque dix ans et qui s’est terminée quand Wrebbit a connu de profondes difficultés financières en 2000.